Lundi 02/06/2014

Lundi 02/06/2014
«Les plus pauvres peuvent mourir»
Giannis Vichas, cardiologue grec
Le mot du jour est la conclusion d’une réflexion d’un cardiologue grec qui voit le système de santé et le système social s’effondrer autour de lui en Grèce.
Ces propos et bien d’autres informations terribles sont rapportés par Maria Malagardis, journaliste à Libération et envoyée spéciale à Athènes.
Je vous donne le lien vers cet article à la fin du message.
On apprend que sur 10 millions de Grecs, ils sont en effet plus de 3, 5 millions à ne plus avoir aucune assurance santé. Elle est automatiquement supprimée après un an de chômage voire immédiatement pour les professions libérales. Et les personnes qui ne peuvent payer sont exclues des hôpitaux publics.
La journaliste rapporte aussi l’histoire des «bébés fantômes» […]. En principe, les hôpitaux ne peuvent pas refuser un accouchement, même pour des femmes sans couverture sociale. Mais, quand la mère ne peut pas payer, certains hôpitaux gardent le bébé jusqu’à ce que les parents s’acquittent des 700 euros impayés. C’est moins fréquent aujourd’hui, sauf que certains confisquent les papiers d’identité ou refusent de délivrer l’acte de naissance. Du coup, certaines mères sans couverture médicale empruntent la carte encore active d’une proche en changeant la photo. Le bébé est alors déclaré sous un faux nom, avec toutes les complications administratives que ça suppose. Ce sont eux, les bébés fantômes.»
Selon la revue médicale The Lancet, la mortalité infantile a augmenté de 43% et le nombre d’enfants mort-nés de 21% depuis le début de la crise. En mars, le gouvernement a brusquement décidé de fermer tous les centres de soins dépendant de la Sécurité sociale, licenciant plus de 5 000 médecins. Un autre réseau s’est mis en place, «où tout est évidemment payant».
[…] «Je me suis souvent demandé pourquoi le gouvernement agissait ainsi : par incompétence, par souci réel d’économie ? Soupire Giannis Vichas, cardiologue de 51 ans. Mais tous ces malades qui ne sont plus soignés, tous ces nouveaux risques de contagion ou d’épidémie faute de vaccins auront forcément un coût. Il n’y a donc qu’une seule explication, et elle est idéologique : les plus pauvres peuvent mourir.»
Le praticien a ouvert fin 2011, une clinique qui, comme celle de Médecins du monde, soigne gratuitement ceux qui n’ont plus de couverture sociale. «27 000 patients sont venus ici et nous avons désormais 40 centres similaires dans tout le pays», explique le Dr Vichas, qui s’est plusieurs fois heurté au ministre de la Santé, Adonis Georgiadis.
Ci-après l’article de Libération du 21/05 dans son intégralité