Mercredi 18 septembre 2019

« Horreurs boréales en Bretagne »
Charlène Florès

Charlène Florès est bretonne et photographe.

Elle a fait son métier, elle a fait des photos.

Elle les a faites près de Rennes, à La Chapelle-des-Fougeretz.

C’est la revue de presse du jeudi 12 septembre 2019 de Claude Askolovitch qui a attiré mon attention sur l’article de l’Obs qui lui a été consacré.

Et j’ai constaté que LIBE en avait fait de même, avec plus de photos et moins de textes.

Charlène Florès précise :

« Mes photos n’ont fait l’objet d’aucune retouche couleur et aucune n’a de filtre. »

A la Chapelle-des-Fougeretz, il y a des serres. Dans ces serres, on produit des tomates toute l’année. Et pour ce faire, les maraîchers qui s’attellent à cette tâche ont recours aux éclairages LED pour faire pousser, plus vite et à moindre coût, leurs tomates cultivées sous serre.

Charlène Florès explique :

« Pour produire des tomates toute l’année, on les chauffe, on leur diffuse du CO2 et on offre un complément d’éclairage »

Le journaliste de l’Obs, Arnaud Gonzague décrit :

« Aux portes de Rennes, d’étranges dégradés fuchsia et or illuminent le ciel. Ils proviennent des éclairages artificiels émanant de grandes serres à tomates voisines. Une pollution lumineuse qui déboussole les campagnes alentour, comme le révèlent les photos de Charlène Florès. »

Vous avez donc compris qu’en plus de la pollution lumineuse des leds toute la nuit, on ajoute du CO2 !

Et l’article de Libération donne la parole à Vincent Truffault, chercheur au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes

« Les plantes n’absorbent pas tout et on a donc d’importants rejets dans l’atmosphère.»

Mais revenons à la pollution lumineuse.

Une maraîchère dit :

« Certaines nuits d’hiver, on voit le halo rose des serres jusque chez moi, à 30 kilomètres. »

Les villages alentours sont baignés d’une lumière fuchsia toute la nuit

Les vaches, qui sont dans des étables non fermées, sont exposées à la pollution lumineuse toute la nuit.

Tout ceci n’est évidemment pas sans conséquence. Charlène Florès rapporte :

« Un astrophysicien m’a expliqué que ces serres ont, à elles seules, une radiance [« brillance », NDLR] soixante fois plus intense que celle de la ville de Rennes, toute proche, qui compte pourtant 250 000 habitants ! »

C’est évidemment délétère pour l’horloge biologique de la flore et de la faune.

Et pour les humains ce n’est pas mieux :

« Et des travaux scientifiques démontrent que chez l’humain, la pollution lumineuse est suspectée de contribuer à l’augmentation des cancers hormono-dépendants [seins et prostate, NDLR. Mais aussi de la dépression et du diabète. »

Le journaliste de l’Obs s’offusque :

« Des tomates en hiver : le concept a déjà de quoi énerver les citoyens qui n’ont pas perdu tout bon sens.  […] Difficile de ne pas faire de ces aurores boréales « façon LED » une parfaite métaphore de notre société de consommation : chatoyante, scintillante, séduisante… mais criminelle pour la planète.»

Dans l’article de Libération, avec d’autres mots, la même réalité est énoncée

« La recherche scientifique indique que cette pollution lumineuse a de sérieuses conséquences sur l’écosystème local exposé à ce rayonnement qui fait imploser le rythme des saisons, du jour et de la nuit : animaux désorientés, oiseaux chantant toute la nuit, baisse de la pollinisation nocturne, dormance des végétaux inhibée et exposition accrue aux pollutions et stress hydriques… »

Mes chers amis, il faut vraiment arrêter de consommer des tomates en hiver.

Car pour qu’on ne les produise plus, il suffit simplement de ne plus les acheter !


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4 réflexions au sujet de « Mercredi 18 septembre 2019 »

  • 18 septembre 2019 à 8 h 37 min
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    Redonner du sens à son comportement est le premier pas pour pallier les dysfonctionnements du système, ce n’est pas suffisant mais c’est nécessaire

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  • 18 septembre 2019 à 16 h 45 min
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    et j’ajouterais à la conclusion d’Alain pour ceux qui hésiteraient encore, que ces soi-disant tomates n’ont absolument aucun goût.

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    • 20 septembre 2019 à 10 h 53 min
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      Tout à fait d’accord Corine

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  • 18 septembre 2019 à 22 h 05 min
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    Je te rassure je ne met pas de tomates dans mes brouettes de légumes en hiver😊
    A propos de pollution lumineuse j’ai lu un article hier sur la ville de rambouillet qui essaye un système de lumière naturelle
    tu peux trouver un article sur le sujet en tapant “Rambouillet éclairage” sur google:

    (Tout le monde sait que les lucioles, les méduses et les poissons des abysses émettent de la lumière naturellement.

    La société Glowee depuis 2014 à trouver le moyen, par le biais de la biologie, de restituer cette lumière. Elle extrait des bactéries des mers (que l’on trouve dans l’organisme des poissons des fonds marins) pour en faire des sources lumineuses vivantes et naturelles… Qui éclairera peut-être demain nos villes.

    Tel un mécène des nouvelles technologies, la ville de Rambouillet (Yvelines) a choisi de parier sur cette start-up.)

    Si on cultive les bactéries plutôt que d’aller les chercher ds les fonds marins c’est une solution prometteuse…pour l’éclairage public, pas pour les tomates!

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