Lundi 09/12/2013

Lundi 09/12/2013
« Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi
une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il
reste beaucoup d’autres collines à gravir. »
Nelson Mandela « Un long chemin vers la liberté »
Mandela !
Bien sûr Mandela, il ne saurait en être autrement.
L’humanité a généré des grands hommes, mais en petit nombre.
Grands hommes qui ne sont pas des saints, comme l’a dit Mandela lui-même, mais Grands hommes parce qu’ils n’agissent pas de la manière habituelle des autres hommes, et qu’ils réussissent à réaliser des choses que l’on croyait impossible.
Il écrit au dernier paragraphe de ses mémoires, “Un long chemin vers la liberté” :
« J’ai essayé de ne pas hésiter ; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin.»
J’ai tiré ces éléments d’un remarquable article de Mediapart, écrit par Thomas Canteloube. Il montre en quoi Mandela est unique :
La mort de Nelson Mandela, annoncée Jeudi 5 décembre, n’est rien de moins que la mort d’un des plus grands hommes du XXe siècle, sinon le plus grand dans la sphère politique.
Pas seulement parce que ses combats ont épousé les luttes majeures de son époque (égalité des droits, anticolonialisme, antiracisme), mais parce qu’à chacune des étapes de sa vie, il a fait triompher ses principes, même quand il les a trempés dans le réalisme politique.
Il a eu des pairs dans ses luttes – combat révolutionnaire, leader syndical et politique, emprisonnement, pouvoir, retraite –, des personnalités qui ont marqué leur temps sur les cinq continents, mais aucun n’est parvenu à franchir toutes ces phases avec autant de réussite et surtout d’intégrité.
Gandhi et Martin Luther King sont les deux noms que l’on associe le plus souvent à celui de Nelson Mandela – le premier l’a inspiré, le second a porté le combat pour l’égalité dans la nation majeure du XXe siècle – mais aucun des deux n’a gouverné. Leurs parcours restent donc « purs » et leur assassinat a grandi leur légende.
Quant aux grands révolutionnaires ou « libérateurs » de cette ère, la plupart ont grossi les rangs des dictateurs (Lénine, Staline, Castro, Mao…) ou fini précipitamment au cimetière (Guevara, Lumumba…). Du côté de ceux qui ont gouverné dignement (Nehru, Havel, Walesa), aucun n’avait un passé de résistant aussi marquant que celui de Mandela et, de toute manière, aucun n’est parvenu à s’affranchir des basses querelles internes, ni à organiser de succession réussie. Et puis il y a tous ceux qui ont brillé à un moment charnière du siècle, mais n’ont guère été des inspirateurs au-delà de leurs frontières (Churchill, de Gaulle, Roosevelt).
Que le ciel vous tienne en joie comme dirait Philippe Meyer