Vendredi 5 mai 2017

Vendredi 5 mai 2017
« Je crois à une France lumineuse qui se battra toujours pour ses valeurs. »
Fatou Diome lors de l’émission du Gros Journal de Canal + du 22 mars 2017
Mon ami Philippe a mis en lien sur facebook cet extrait du Gros Journal de Canal+ où le journaliste Mouloud Achour reçoit l’écrivaine et universitaire franco-sénégalaise Fatou Diome et lui pose la question : « Vous avez peur de Marine Le Pen ou pas ? »
Et qu’elle répond : « Je n’ai peur d’elle, c’est elle qui a peur de moi ! »
Cette réponse déclenche un fou rire chez le journaliste. Quand le journaliste arrive enfin à se calmer et demande à Fatou Diome d’expliquer, cette dernière se lance dans un plaidoyer remarquable, prononcé d’une seule traite, qui conduit le journaliste à rester en suspens et puis effacer une larme à l’œil.
Fatou Diome, c’est cette femme noire qui a été découverte par la France entière alors qu’elle était invitée par Frédéric Taddei à l’émission de France 2, le 24 avril 2015, après un nouveau naufrage à Lampedusa de migrants cherchant refuge en Europe : http://www.dailymotion.com/video/x2o4viv
Dans cette émission elle se lance aussi dans une harangue qui cloue le bec à ses contradicteurs et elle dit notamment :
«  Ces gens-là qui meurent sur les plages, et je mesure mes mots, si c’était des blancs, la terre entière serait en train de trembler ! Mais là, ce sont des noirs et des arabes (…) Si on voulait sauver les gens, on le ferait, mais on attend qu’ils meurent d’abord ! Et on nous dit que c’est dissuasif, mais ça ne dissuade personne, car celui qui part pour sa survie, considère que sa vie (qu’il peut perdre lors du voyage) ne vaut rien, celui-là n’a pas peur de la mort !”
A la réponse d’un invité sur l’importance de fermer les frontières pour éviter l’arrivée massive de migrants, Fatou Diome a présenté l’homme “blanc” comme un poisson rouge : « Monsieur, vous ne resterez pas comme des poissons rouges dans la forteresse Européenne ! A l’heure d’aujourd’hui, l’Europe ne sera plus jamais épargnée, tant qu’il y aura des conflits ailleurs dans le monde (…) Alors il faut arrêter l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou on se noiera tous ensemble !  »
Vous trouverez un article de l’Humanité où elle répond à un entretien après cette émission
Mais revenons à sa réponse à Mouloud Achour où elle explique qu’elle n’a pas peur de Marine Le Pen :
« Non je n’ai pas peur d’elle !
Vous savez le rejet a toujours peur de l’amour.
Moi je suis une fille, je suis venu en France par amour. Donc rien, aucune haine, aucun rejet ne me fera rejeter la France.
Et quand vous dites cela, vous faites peur aux sectaires, vous faites peur aux populistes.
Parce que moi, quand je dis cela, je m’accroche aux lumières européennes.
Quand je dis cela, je dis vos idées ténébreuses ne peuvent pas enterrer Montesquieu.
Vos idées ténébreuses ne feront pas enterrer Marianne.
Vos idées ténébreuses n’empêchent pas que cette République a mis Marie-Antoinette au trou et Victor Hugo au Panthéon, il y a des raisons à cela.
L’amour est plus fort que la haine.
Et la culture est toujours plus forte que l’ignorance.
Je crois à une France lumineuse qui se battra toujours pour ses valeurs.
C’est pour cela que je la respecte.
Et je la somme de me donner une preuve que tout ce qu’elle m’a enseigné est absolument véridique.
Je la somme de me montrer qu’elle est à la hauteur de son histoire lumineuse et humaniste.
[…]
Je veux que la France de Victor Hugo me dise que le simple rejet des misérables d’aujourd’hui ne justifie pas le racisme
La liberté gagné à la guerre, cette liberté-là n’est pas que pour que les enfants blancs de Marianne.
Cette liberté là c’est pour tous les enfants de Marianne et tous ceux qui sont morts au front pour la défendre et pour la léguer à leurs enfants.
Je suis une de ces enfants »
Le journal l’Humanité, déjà cité, raconte son histoire :
Fatou Diome est une enfant de l’amour et du scandale. Ses parents avaient (?) 18 ans, ils s’aimaient et n’étaient pas mariés. Elle naît en 1968 à Niodior, (?) une île de pêcheurs du Sénégal. Élevée par sa grand-mère, Aminata, sa référence, elle fréquente l’école en cachette et devra se débrouiller pour aller au collège.
Commencent les petits boulots, elle n’a pas encore 14 ans.
Fatou veut être professeur de français. Elle va à l’université de Dakar. En 1994, elle arrive en France, suivant l’homme qu’elle aime et a épousé. Rejetée par sa belle-famille, elle divorce et poursuit ses études à l’université de Strasbourg. À nouveau les galères: ménages, gardes, cours … pour payer son agrégation ? de français et sa thèse de lettres.
En 2001, Fatou publie un recueil de nouvelles, « la Préférence nationale».
Elle connaît la consécration, dès 2003, avec son premier roman, « le Ventre de l’Atlantique », traduit dans plus de 20 langues. « Je n’étais pas une femme de ménage devenue écrivain, j’étais une étudiante qui faisait des petits boulots », répond-elle à ceux qui veulent faire de son parcours un conte de fées.
Si vous voulez voir l’émission du Gros journal de Canal dans son intégralité : http://www.dailymotion.com/video/x5fpitw_le-gros-journal-avec-fatou-diome-l-integrale-du-22-03-canal_tv
Elle vient de publier un nouveau livre dont parle l’émission de Canal + : <Marianne porte plainte !>, il est paru en mars 2017
Voilà ce que j’avais envie d’écrire comme mot du jour avant le vote du 7 mai 2017.

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