Vendredi 20 avril 2018

« Dire, ne pas dire »
Site créé par l’Académie française pour répondre aux questions des personnes qui veulent bien parler français

L’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut du 31 mars 2018 avait pour sujet : « La langue française : état des lieux »

Il avait deux invités Alain Borer qui a écrit : « De quel amour blessée » et Jean-Michel Delacomptée qui a publié «  Notre langue française ».

L’état des lieux rapporté par cette émission est assez préoccupant.

Parallèlement, en entrant dans une librairie j’ai trouvé un de ces petits livres édités par l’hebdomadaire « Le Un », dans une collection appelée les « 1ndispensables » et ayant pour titre « Le Français a-t-il perdu sa langue ? »

Ce livre est une suite d’articles de linguistes, de lexicographes, de philosophes ou encore d’écrivains sur la langue française.

Il commence par un article provocateur de Nancy Huston. Nancy Huston est née en 1953 au Canada, c’est une femme de lettres, d’expression anglaise et française. Son article s’intitule « la morgue de la reine » et le rôle de la reine est joué par la langue française.

Elle raconte comment elle avait réagi au discours d’une élue municipale qui s’était adressé à un groupe d’enfants : « Quelle chance vous avez, d’apprendre notre si belle langue ! ».

« Comme je dois prendre la parole ensuite, j’en profite pour expliquer aux enfants que, certes, le français est une belle langue mais qu’on peut en dire autant de toutes les langues ; que disposer d’une belle langue ne suffit pas, encore faut-il s’en servir pour dire des choses intelligentes ; qu’il est tout à fait possible de se servir d’une belle langue pour dire des choses débiles ; et que , plus on connait de langues, plus on est susceptible de dire des choses intelligentes. »

Elle cite aussi Mme de Staël qui trouvait nulles les soirées mondaines à Berlin, car en allemand il faut attendre la fin de la phrase pour en connaître le verbe : « pas moyen de couper la parole à son interlocuteur, vous imaginez, cher comme on s’ennuie. »

Un des invités de Finkielkraut avait aussi relevé cette particularité du français qui met le verbe immédiatement après le sujet donnant plus rapidement le sens à la phrase et permettant à l’interlocuteur d’interrompre immédiatement celui qui parle. Selon cet invité cela créait des échanges plus dynamiques, pleinement en phase avec la remarque de Mme de Staël.

Pour ma part, cette manière de faire montre surtout une grande impatience et un manque de savoir-vivre de ne pas laisser son interlocuteur terminer ses phrases. Mais il est vrai que je suis presque germain.

Un des invités, Alain Borer, a aussi commis un article dans cet ouvrage, dans lequel il reprend les critiques qu’il a exprimé dans l’émission de Finkielkraut. Il prend soin d’abord de préciser que la langue anglaise est très belle et que ce qu’il combat n’est pas l’anglais mais « L’anglobal » ce que d’autres appellent « le globish ». Et sur ce point, il écrit :

« Les Anglo-Saxons n’ignorent pas leur dette envers les « Normands » mais ils refusent massivement, au fond, de savoir que leur langue procède du français à hauteur de 63% et à travers 37 000 mots (plus que l’intégralité du Dictionnaire de l’Académie française en 1835). La plupart s’étonnent à la façon de George W Bush : « The problem with te French is that they don’t have a word for entrepreneur ». […] Toutefois il y eut échange millénaire entre la langue française et sa bouture anglaise, une forme de tennis (du français tenez). Or, tel est le phénomène en cours : les francophones ne renvoient plus la balle. Pour la première fois dans l’histoire de la langue française, les mots anglais ne sont plus usinés sur place et renvoyés, mais au contraire ils se substituent aux mots français existants.
Air France au téléphone : « Vous avez fait un non-show » Comprendre je ne me suis pas présenté au départ.
Le Premier ministre qui appelle au « patriotisme alimentaire », parle de « France bashing ». »

Mais pour défendre le français, il faut le parler et l’écrire correctement.

Et c’est un autre article « Mais que fait l’Académie ? » de l’académicien Yve Pouliquen qui m’a appris l’existence d’un site simple et ouvert que l’Académie a mis en place pour aider à mieux parler et à mieux écrire le français.

http://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire

Et sur ce site les internautes que nous sommes peuvent même poser des questions.

Ainsi un internaute a demandé, laquelle de ces deux formules est juste : 1. « Nous avons pensé À lui offrir… » ou « Nous avons pensé lui offrir… ».

Et l’Académie a répondu :

« Les deux formes sont correctes. Il y a entre elles une nuance de sens. Nous avons pensé lui offrir signifie « nous avons l’idée de lui offrir telle ou telle chose », alors que Nous avons pensé à lui offrir souligne « nous n’avons pas oublié de lui offrir… » »

La semaine prochaine je serai en congé, le mot du jour reviendra le 2 mai 2018.

<1061>

Une réflexion au sujet de « Vendredi 20 avril 2018 »

  • 20 avril 2018 à 9 h 30 min
    Permalink

    La réflexion de Mme de Staël est savoureuse, à quoi sert d’écouter l’autre pour comprendre sa pensée alors qu’il est tellement plus excitant de s’exprimer avec virtuosité pour le simple plaisir de parler

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *