Lundi 16 avril 2018

« Mais sans la confiance du peuple, aucun Etat ne saurait tenir ! »
Confucius

Peut-être que certains pensaient que je réagirais aujourd’hui à l’entretien d’hier entre le Président de la République avec Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin. Entretien qui a été tenu au Palais de Chaillot où fut proclamée, en 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Je ne le ferai pas !

Quoi que …

Je vais aujourd’hui vous parler de l’émission du 5 avril 2018 «du Grain à moudre» d’Hervé Gardette qui posait cette question surprenante : «Platon, Confucius : qu’ont-ils encore à nous dire ?»

Platon (né −428/−427 et mort en −348/−347 à Athènes) est probablement le plus célèbre philosophe de la Grèce classique, au temps de la démocratie athénienne. Il est un élément central de la pensée occidentale et a marqué l’Histoire de la Philosophie

Confucius n’est pas de notre culture. Il a vécu un siècle avant Platon (né – 551 et mort en – 479), plus précisément d’après ces dates, toujours sujets à caution à cette époque, il serait mort environ 50 ans avant la naissance de Platon. Confucius est évidemment le philosophe chinois le plus connu. Selon beaucoup, il est le personnage historique qui a le plus marqué la civilisation chinoise, et est considéré comme le premier « éducateur » de la Chine. Son enseignement a donné naissance au confucianisme, doctrine politique et sociale érigée en religion d’État dès la dynastie Han et qui ne fut officiellement bannie que dans la Chine communiste et maoïste du XXe siècle.

Mais, dans la Chine contemporaine, post maoïste, on observe un retour massif vers Confucius comme l’explique Anne Cheng, titulaire de la chaire « Histoire intellectuelle de la Chine » au Collège de France

Je pense que le journaliste, Hervé Gardette, a eu l’idée de cette émission en raison du livre que vient de publier, l’un des deux invités de l’émission : Roger-Pol Droit. Son livre a pour titre : « Et si Platon revenait »

Ce livre est présenté ainsi :

« Platon observe nos smartphones, croise nos migrants, découvre les attentats terroristes, scrute nos dirigeants politiques. Roger-Pol Droit lui fait rencontrer Teddy Riner, Bob Dylan, Thomas Pesquet, l’emmène à la COP 21, au MacDo, à Pôle Emploi, au Mémorial de la Shoah, l’incite à visionner House of Cards, à écouter Emmanuel Macron et Donald Trump. Entre autres. Pour jouer ? Evidemment. Mais pas seulement.
Cette promenade dans notre actualité du père fondateur de la philosophie permet de découvrir des traits essentiels de sa pensée, en expérimentant des écarts entre nous et lui, en testant ce qu’il comprendrait aisément, ou pas du tout. Finalement, ce périple montre ce que Platon nous indique d’essentiel, que nous ne verrions pas sans lui. »

Dans l’émission Roger Pol Droit, revisite la célèbre allégorie de la caverne exposée par Platon dans le Livre VII de La République :

« Si Platon revient et qu’il voit nos smartphones, il pensera que c’est la caverne portable. »

C’est donc cette proposition de Roger Pol Droit de tenter de regarder le monde contemporain à travers le regard de Platon, du moins le regard de Platon revisité par Roger Pol Droit qui a été à l’origine de cette émission..

Selon la présentation de Roger Pol Droit, Platon est quand même un penseur problématique en cela qu’il se méfie énormément de la démocratie et qu’il prône l’émergence d’un homme nouveau, comme certains régimes totalitaires ont voulu réaliser cette utopie assez perverse selon les leçons de l’Histoire.

Roger Pol Droit explique que Platon a vécu un traumatisme dans sa vie : il a assisté à la condamnation à mort par la démocratie athénienne, de son maître, de celui qu’il respectait et aimait plus que tout au monde, l’homme qu’il considérait comme le plus sage : Socrate. Platon a tiré comme conséquence qu’un régime qui arrive à un tel résultat ne peut pas être bon. Il a donc cherché à trouver d’autres voies.

L’intelligence d’Hervé Gardette a été d’inviter à côté de cette vision de Platon qui prône un « homme nouveau », le grand penseur chinois « Confucius » qui lui ne suit pas cette voie et préfère s’inscrire dans la réalité et la tradition.

Pour ce faire, Anne Cheng déjà évoqué au début de l’article a été le second invité de l’émission.

Anne Cheng qui a publié en 1997 : « Histoire de la pensée chinoise » au Seuil s’était notamment fait remarquer par une traduction, accompagnée d’une introduction et de notes pour présenter la Pensée de Confucius : «Entretiens de Confucius» .

Lors de cette émission passionnante, Anne Cheng m’a appris que le rapprochement entre Confucius et Socrate était beaucoup plus judicieux qe celui avec Platon, car le grand sage chinois n’a jamais rien écrit, ce sont ses disciples qui ont recueilli ses pensées.

Lors de l’émission, c’est la pensée de Confucius qui m’a paru la plus féconde et peut être même la plus adaptée au monde moderne.

Par exemple quand Anne Cheng dit :

« Pour Confucius l’important c’est de ne jamais oublier que nous sommes humains. »

C’est quand même une belle idée à l’époque des transhumanistes ou de ces gouvernants publics et privés qui croient que l’homme se résume à un homo économicus.

Mais ce que je voudrai surtout partager avec vous, c’est un petit extrait des entretiens de Confucius qu’Hervé Gardette a cité : Un homme Zigong pose des questions à Confucius :

“Zigong – Qu’est-ce que gouverner ?

Le Maître – C’est veiller à ce que le peuple ait assez de vivres, assez d’armes et s’assurer de sa confiance.

Zigong – Et s’il fallait se passer d’une de ces trois choses, laquelle serait-ce ?

Le Maître – Les armes.

Zigong – Et des deux autres, laquelle serait-ce ?

Le Maître – Les vivres. De tout temps, les hommes sont sujets à la mort. Mais sans la confiance du peuple, Aucun État ne saurait tenir

Anne Cheng a dit sa satisfaction d’avoir cité cet extrait qui lui paraît particulièrement important et elle a ajouté :

« Je regrette que les hommes politiques d’aujourd’hui ne lisent pas davantage Confucius. Il leur apprendrait à mieux comprendre les priorités. »

« Sans la confiance du peuple… »

Je vous propose d’écouter cette émission très intéressante : « Platon, Confucius : qu’ont-ils encore à nous dire ? »

Je finirai par une autre citation de Confucius, cité dans un autre entretien par Anne Cheng :

« Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions. Confucius »

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Une réflexion au sujet de « Lundi 16 avril 2018 »

  • 16 avril 2018 à 9 h 59 min
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    Il est illusoire de penser qu’on peut vivre autrement que dans une caverne, l’important est d’être capable d’en sortir périodiquement pour se ressourcer à la lumière du soleil afin d’en partager quelques bribes à son retour dans la vraie vie

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