Lundi 12 mars 2018

«Die GroKo »
Nom de la coalition CDU-CSU et SPD qui va gouverner l’Allemagne après l’accord obtenu

Nos amis allemands ne m’ont pas trahi.

J’avais lors du mot du jour du Lundi 25 septembre 2017 posé cet acte de foi :

« Personne n’imagine un seul instant qu’il ne sera pas possible de créer une coalition. Pour ma part, je suis persuadé que si en fin de compte cela s’avère très compliqué, le SPD reviendra sur sa décision de ne pas participer à la coalition.
Car en Allemagne, les politiques considèrent toujours qu’il faut préférer l’intérêt du pays à l’intérêt de son parti. »

Et c’est ce qui vient de se passer !

Pour celles et ceux qui ne suivent pas précisément la vie politique allemande, un rappel des faits, pour les autres vous pouvez sauter ce paragraphe.

Lors des dernières élections législatives allemandes, la liste CDU-CSU d’Angela Merkel arrivée en tête a recueilli 33 33% (pour comparer Emmanuel Macron a obtenu au premier tour des présidentielles 24 %).

Quand on représente 33% du corps électoral en Allemagne on ne peut pas gouverner seul, il faut donc réaliser une coalition.

Les socialistes, c’est-à-dire SPD, sont en coalition avec le CDU-CSU depuis 2013 sous la direction de la chancelière Merkel, il l’était déjà de 2005 à 2009 qui fut le premier mandat de Merkel. Les résultats du SPD depuis dégringolent lors de chaque élection. Après les élections du 24 septembre, le SPD a décidé de ne pas entrer dans une nouvelle coalition qu’il jugeait contre-productive du point de vue de son audience électorale.

Merkel s’est donc tourné vers deux autres partis : les Ecologistes et le parti libéral (FDP). En Allemagne les partis ont des couleurs (CDU noir, Ecologistes vert, FDP (jaune), SPD (rouge) et les coalitions prennent le nom des couleurs.

Ainsi la coalition que tentait Merkel était Noir, Jaune et Vert qu’on désigne sous le nom de coalition jamaïcaine puisque ce sont les trois couleurs du drapeau de la Jamaïque.

A ce stade, les partis allemands négocient pour se mettre d’accord sur un programme de gouvernement comme je l’expliquais dans le précédent mot du jour

Et les libéraux finalement ont dit Non et ont arrêté de négocier. «  Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner  », a déclaré à la presse à Berlin, le président des Libéraux du FDP Christian Lindner, fin novembre, après deux mois de négociations.

Et comme je l’avais intuitivement prévu : je suis persuadé que si en fin de compte cela s’avère très compliqué, le SPD reviendra sur sa décision de ne pas participer à la coalition. Le SPD est bien revenu sur son refus de négocier.

Et c’est là qu’il faut suivre et comprendre ce que c’est qu’une vraie démocratie, pour nous autres français qui avons l’habitude de donner les clés à un homme et ensuite de voter ou de s’abstenir pour que l’homme qui a les clés puissent disposer d’une assemblée avec une majorité absolue dévouée à le satisfaire.

  • Donc le SPD est d’abord revenu vers ses militants pour obtenir le droit de négocier.
  • Puis ils ont négocié pendant 3 mois (décembre – février) pour parvenir à un programme de gouvernement qu’ils vont fidèlement mettre en œuvre ;
  • Et Angela Merkel est revenu vers les 1000 délégués du CDU pour obtenir leur approbation, sans laquelle elle ne pouvait faire la coalition. Et, la CDU a approuvé.
  • Pour le SPD ce fut encore plus compliqué, il fallait que les militants du SPD votent et acceptent cette coalition. Ce que les militants du SPD ont fait. Le SPD a annoncé que le “oui” l’a emporté à plus de 66% et 78,4% des 463.000 membres du parti ont participé au vote.

C’est ainsi que fonctionne les vraies démocraties libérales : un parti est élu sur un programme. S’il a la majorité absolue, il met en œuvre son programme. Si ce n’est pas le cas des partis ayant ensemble la majorité absolue négocient pour élaborer un programme à partir de leurs programmes respectifs en accordant une priorité au programme arrivé en tête. Et en plus, on revient vers les représentants et les militants pour avaliser l’accord de gouvernement.

En France cela ne marche pas ainsi, il y a des élections présidentielles, puis une succession d’évènements étranges pour finalement parvenir à ce que les 24% des électeurs puissent imposer leur politique aux 76% restants. Bien sûr, vous me direz : les français sont complices, personne ne les obligeait à donner la majorité absolue aux députés présentés par l’homme qui a obtenu moins d’un quart des voix.

Alain Duhamel, affirme que le peuple français est querelleur et qu’un système comme celui des allemands, c’est-à-dire un système vraiment démocratique ne peut pas fonctionner. Selon lui, il nous faut un régime quasi bonapartiste, un césarisme, bref les institutions de la Vème République.

C’est ce qu’il a écrit avec Edouard Balladur dans un livre à la gloire de la 5ème République : « Grandeur et décadence de la Vème République » et qu’il a réaffirmé dans cette émission de RTL.

Je me permets de ne pas être d’accord et de préférer un régime vraiment démocratique, même s’il faut du temps pour se mettre d’accord sur un programme de gouvernement.

En principe cette coalition devrait avoir pour nom « la coalition noir rouge », mais les allemands, s’agissant des deux partis les plus importants, ceux qui ont donné tous les chanceliers à l’Allemagne depuis la guerre, préfèrent parler de la « Große Koalition » c’est-à-dire « Grande Coalition » ce qui donne en abrégé « GroKo »

La Groko va permettre à Angela Merkel d’entamer un quatrième mandat à la tête du gouvernement : elle devrait être formellement élue chancelière par les députés mi-mars.

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