Mardi 20 décembre 2016

Mardi 20 décembre 2016
« L’aliénation se définit par le fait d’être en vérité possédé par l’objet que l’on croit posséder».
Pierre Zaoui, dans l’hebdomadaire « Le Un » N°134 du 14 décembre 2016 « Jamais sans mon smartphone »
Je vous avais déjà parlé, lors du mot du jour du 23 juin 2016, de l’hebdomadaire dirigé par Eric Fottorino « Le Un » qui chaque semaine ne traite qu’un seul sujet sur une seule feuille pliée 3 fois.
Le dernier numéro a pour titre : « Jamais sans mon smartphone »
Et c’est Frédéric Pommier qui lors de sa revue de presse du week end relate sa lecture
La « chronique [est] signée Robert Solé dans l’hebdomadaire LE UN. Nous sommes en 2040, et quel est donc le principal souci des autorités ?
C’est la dépendance au smartphone. Toutes les enquêtes l’ont confirmé : l’utilisation compulsive de cet appareil porte atteinte à la santé des individus. C’est même devenu l’une des premières causes de mortalité prématurées. Une taxe anti-dépendance a été mise en place. Taxe augmentée à trois reprises. Mais sans réussir à faire baisser les ventes. Pas plus de succès pour le patch anti-smartphone proposé dans les pharmacies. Quant au ‘smartophage’, machine de substitution disposant d’un clavier mais ne permettant pas d’appeler, il ne fut adopté que par une minorité de consommateurs. Nous sommes en 2040, et les campagnes de sensibilisation n’ont eu aucun effet. « Puisqu’il est établi que le smartphone tue, je l’interdirai », avait promis un candidat à l’élection présidentielle de 2037. Mais ce propos extrémiste avait beaucoup choqué, y compris dans son propre camp.
Il s’agit donc d’une chronique d’anticipation, dans un numéro entièrement consacré à cette addiction qui touche de plus en plus de monde : […]
Témoignage d’une enseignante d’un collège d’Aubervilliers : elle décrit des élèves totalement accros.
« Lorsqu’il arrive que je confisque un portable, l’enfant martyr est prêt à tous les compromis »
« Punitions, heures de colles, ce que vous voulez madame, mais pas mon téléphone, parce que sans, je vais faire comment ? » Sous-entendu : comment se réveiller sans son alarme préprogrammée, comment s’habiller sans avoir préalablement consulté une appli météo, comment marcher jusqu’au collège sans sa playlist musicale dans les oreilles, comment apprécier les moments entre copains sans les prendre en photo ? « Madame, je vous jure, mon portable, c’est ma vie ! » »
Il cite aussi le philosophe Pierre Zaoui :
« l’aliénation se définit par le fait d’être en vérité possédé par l’objet que l’on croit posséder ». Or, poursuit-il, « Il est assez facile de remarquer si l’on devient dépendant de son téléphone : quand on commence à le manipuler sans savoir d’avance à quelle fin spécifique l’utiliser, ou bien quand on commence à le consulter en plein repas de famille, alors même que quelqu’un est en train de nous parler… » Et l’on oublie souvent qu’il existe une petite touche sur laquelle il est facile d’appuyer : la touche où il est écrit ‘off’. »
L’an dernier, en France, 20 millions de smartphones ont été vendus, et chacun consulte le sien en moyenne 200 fois par jour.
« On peut déclarer sa flamme par SMS, rompre par SMS, ou licencier un salarié, et peut-être, bientôt voter. Jean Viard, le sociologue plusieurs fois cité dans des mots du jour, voit dans le smartphone l’objet culte de notre époque. Un objet qui, du reste, est également une arme. « Un instrument au service des actions terroristes, et un outil nouveau pour faire la guerre quand, à Alep ou Mossoul, les soldats communiquent avec les survivants cachés dans les ruines. Et puis, à l’arrivée de chaque groupe de prisonniers, on vérifie les derniers appels pour savoir de quel camp ils sont. Il ne faut jamais oublier, conclue-t-il, que le smartphone a une mémoire infaillible. » Passionnant dossier, et c’est donc à lire dans LE UN. »
Je sais que parmi les destinataires de ce mot il y a de vrais résistants au smartphone. Des esprits libres, forts et indépendants !
Mais pour les autres, estimez-vous consulter votre smartphone 200 fois par jour ?
Et si vous croyez que c’est possible, pensez-vous qu’il y a un problème ?