Vendredi 1er septembre 2017

« Un gite dans le Beaujolais »
Un lieu pour éviter le tourisme de masse

Le sujet de conversation qui a pour objet les vacances n’a pas ma prédilection. Mais lorsqu’on m’interroge, je suis bien obligé de répondre.

Et lorsque des collègues curieux m’ont demandé où nous allions passer nos 3 semaines de vacances avec Annie et que j’ai répondu le Beaujolais et que j’ai ajouté, en plus, comme l’année dernière, il y a eu comme un silence réprobateur.

Si encore nous disposions d’une résidence secondaire dans le Beaujolais, pourquoi pas, mais un gite ! et trois semaines !

« Mais enfin tu habites Lyon, dans le Beaujolais tu y vas quand tu veux, un dimanche par exemple. Un weekend, si tu veux faire des excès ! »

Mais pourquoi le Beaujolais ?

La première raison c’est parce que c’est près de là où j’habite et qu’ainsi je n’ai pas besoin d’aller loin pour me reposer, me ressourcer, marcher et surtout rencontrer un nombre raisonnable de touristes.

Dans le Beaujolais on fait des rencontres étonnantes. Par exemple, sur le marché du Bois d’Oingt, vous trouvez un boulanger bio : « L’ami du pain ». Dans sa jeunesse il était ingénieur, mais maintenant il fait des pains à se pâmer. Un jour, nous avions acheté plusieurs pains (« c’est quand c’est bon qu’il faut qu’il y en ait beaucoup » dit mon frère Gérard.) et nous sommes allés nous désaltérer à une terrasse près du marché. Brusquement, nous avons entendu monter le son d’un violoncelle jouant une suite de Bach de belle manière. Je me suis précipité, dans ma jeunesse à moi j’avais tenté aussi le violoncelle, pour rencontrer cet interprète. C’était le boulanger. Je lui alors dit : « Vous ne vous contentez pas de produire un pain divin, vous jouez aussi Bach à la perfection ». Il m’a alors répondu que l’émotion était la même pour faire du pain et jouer du Bach, que les deux avaient un lien avec le divin.

Cet homme surprenant a pour nom Didier Genetier.

Quand on est dans un lieu calme, c’est-à-dire loin de l’agitation, il est plus facile de se ressourcer, de se retrouver soi-même et même de poursuivre des activités intellectuelles. De ces activités qui n’occupent pas la journée, mais la remplissent.

Avant de partir, je m’étais promené sur les quai de Saône de Lyon, j’y ai trouvé un livre que je n’avais pas lu, mais que beaucoup m’avaient conseillé de lire. Le bouquiniste qui me l’a vendu a eu cette remarque : « Je vous envie de découvrir ce chef d’œuvre ». C’est ainsi que j’ai lu « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen.

J’ai aussi lu le « Luther » de Lucien Febvre, le premier réformateur par le co-créateur avec Marc Bloch de l’Ecole des Annales.

J’ai pu, lors de longues ballades écouter la nature, échanger avec Annie et aussi écouter, entre autres, plus de 8 heures d’émissions de France Culture consacrées à l’Alimentation d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant de nourritures pour mes futurs mots du jour. Car écrire les mots me permet d’approfondir, de mieux comprendre, de mieux saisir ce que j’ai lu ou écouté. Et bien sûr le partager. L’objectif de le partager, m’incite et me pousse à approfondir et donc d’aller plus loin qu’une seule simple lecture ou écoute.

Tout ceci ne serait pas possible si Annie n’avait pas déniché un gite remarquable, remarquable par la qualité et les conditions de l’accueil.

La possibilité d’un échange marchand équilibré où chacun trouve son compte tout en conjuguant l’échange humain et le partage d’expériences. Ghislaine et Michel sont les acteurs de cet échange harmonieux et simple. Ce gite, ce lieu peu éloigné de notre résidence, cette campagne vallonnée et paisible correspondent à ce que nous attendons des vacances qui je rappelle vient du verbe latin « vacare » et qui peut se décliner par cette formule « caractère de ce qui est disponible ».

Chacun est libre de choisir ses vacances en fonction de ses moyens, bien sûr, mais aussi de ses envies, de ses besoins et de ses attentes. Les attentes des uns et des autres peuvent être très différentes. Mais il me semble important de se sentir libre, de ne pas se croire obligé de faire comme les autres ou pire d’être dans la crainte du regard de l’autre.

Alors évidemment, même s’il n’y a pas grand monde, il existe toujours l’altérité. C’est-à-dire des personnes qui entendent non seulement utiliser leur temps libre d’une manière très différente de la vôtre, mais qui en outre aime que leur activité soit connue du voisinage, en bien ou en mal, peu importe, connue est le mot essentiel. Il y a ainsi près du gite, sur une colline alentour, un groupe d’individus qui trouvent plaisant de pratiquer le ball trap le dimanche matin et le mercredi après-midi

Comme je l’ai dit, cela apprend l’altérité. La qualité du gite est telle que si vous vous réfugiez à l’intérieur, vous n’entendrez rien et pourrez lire tranquille ou faire autre chose. Ces moments bruyants peuvent aussi vous inciter, lors de ces deux demi-journées, de vous éloigner un peu du gite pour pratiquer d’autres ballades ou activités.

Nous retournerons encore dans ce gite que vous pouvez découvrir derrière ce lien : <Les Buis du Chardonnet>

<919>

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *