Mercredi 13 avril 2016

Mercredi 13 avril 2016
«Un hackathon»
Nouveau concept de travail intense et collaboratif.
Je suis persuadé qu’une partie d’entre vous, notamment les plus jeunes, connaissent parfaitement de concept, mais pour ma part je l’ai découvert récemment.
Les architectes connaissent «la charette», travail intense et en groupe pour répondre à un appel d’offre dans un temps limité.
«Un hackathon» est un «truc» du même genre mais qui concerne la programmation informatique.
Un hackathon est, en effet, un événement où des développeurs se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours. Souvent cette approche collaborative s’accompagne d’une compétition entre les développeurs pour désigner le groupe qui réalise la meilleure solution.
Le terme est constitué de deux racines : de «hack» qui vient de «hacker» et «marathon.». Dans l’esprit de beaucoup, un hacker est un  informaticien qui utilise ses connaissances de la sécurité informatique pour en rechercher et en exploiter les faiblesses. Mais, notamment aux Etats-Unis, le hacker est avant tout un informaticien ingénieux qui crée, analyse et modifie des programmes informatiques pour améliorer ou apporter de nouvelles fonctionnalités à l’utilisateur.
En faisant quelques recherches sur ce sujet j’ai trouvé cet <Article du Figaro> :
« […] Sur les bancs des universités, les hackathons sont désormais légion. Contraction de «hack» et «marathon», le mot désigne un événement de programmation informatique collaborative.
[…] Le concept du hackathon est né aux États-Unis à la fin des années 1990, au sein de la communauté des développeurs adeptes des logiciels libres. «À l’époque, on se réunissait autour d’un projet pour lui donner un coup d’accélérateur», explique Mael Inizan, chargé de projet au sein de Silicon Xperience et de Silicon Sentier, une association qui promeut l’innovation en Île-de-France.
La culture du hackathon s’est propagée en entreprise lorsque les génies de l’informatique sont devenus entrepreneurs. Facebook fut précurseur dans le domaine. Sur l’impulsion de Mark Zuckerberg, les employés du réseau social s’y affrontent régulièrement dans le cadre de hackathons d’entreprise. Une seule règle: concevoir un projet qui n’a pas de rapport avec son domaine de prédilection. […]
Le phénomène a depuis gagné la France. Axa, Orange, Pernod Ricard, la SNCF, la RATP et beaucoup d’autres se sont déjà frottés à l’exercice. Le hackathon a quitté le stade expérimental pour s’intégrer à la stratégie d’entreprise. Plus question de se limiter à organiser une compétition entre employés. La plupart des hackathons organisés par des sociétés sont ouverts à tous: étudiants, start-up ou simples curieux contribuent à l’effort de recherche et développement.
«Avec les hackathons, nous cherchons à sortir du schéma d’innovation classique», précise Frank Mouchel, CIO d’Axa France. Le groupe d’assurances a organisé son premier hackathon sur le thème de la relation clients. Une quarantaine d’équipes ont élaboré un projet soumis à un jury de professionnels. Pendant quarante heures, les participants ont alterné lignes de code, micro-siestes et parts de pizza, en espérant remporter le premier prix de 10.000 euros.»
Ces initiatives qui semblent très positives posent cependant question : « Le hackathon est-il l’avenir de l’innovation en entreprise? Du côté des développeurs, on ne partage pas vraiment l’enthousiasme général et on dénonce les «dérives commerciales» du concept. «Un hackathon ne devrait pas se faire au bénéfice d’une société mais dans l’intérêt commun», prévient Mael Inizan. «Le problème, c’est que des entreprises financent ces événements en espérant un retour sur investissement immédiat.»
D’autres inquiétudes, plus concrètes, entourent l’intérêt des entreprises pour ces concours à l’innovation. Le spectre du travail non rémunéré plane sur les hackathons. Un participant du concours organisé par Axa confie sa crainte du vol d’idées, surtout quand les thèmes sont très spécifiques.«Les participants doivent protéger leurs productions par l’utilisation de licences libres», prévient Ivan Béraud, secrétaire général de la fédération CFDT de la communication, du conseil et de la culture. Ce dernier affirme n’avoir reçu aucune plainte relative à des hackathons à ce jour. […] La durée courte d’un hackathon représente à la fois des avantages et des inconvénients. «Le problème des hackathons, c’est qu’on y accomplit 80% d’un projet et qu’on oublie de finir les 20% restants», regrette Sarah Cherruault, PDG d’Auticiel, une société spécialisée dans les applications pour enfants autistes. La jeune entrepreneuse a néanmoins été plus chanceuse que la moyenne. Elle a participé en 2011 à un hackathon sponsorisé par Orange dans le cadre du Téléthon, où son application a remporté le premier prix. Cela a permis à son entreprise de rentrer en contact avec la fondation Orange, désormais partenaire de la start-up. «Les hackathons, c’est une énorme opportunité pour créer son réseau, rencontrer des partenaires comme des futurs collaborateurs», affirme Sarah Cherruault. »
Ce sont bien sûr les sites spécialisés en informatique qui sont les plus enthousiasmés par ce type d’évènement : http://www.journaldunet.com/solutions/emploi-rh/hackathon.shtml
« L’enjeu sur lequel la plupart des organisateurs se retrouvent, c’est sur la nécessité de transformer l’essai. « C’est actuellement ce sur quoi on travaille pour la prochaine édition du Hacking Health Camp » explique Sebastien Letélié. « On a remarqué que l’on n’avait pas de structure afin de permettre de donner une suite aux projets prototypés durant l’événement. Et on cherche à le corriger, avec le soutien de la part de nos partenaires qui aimeraient voir ces projets sortir plus facilement. […] Si on veut que le format continue, il faut que les startups s’y retrouvent » rappelle Chloé Bonnet. « Et pour ça, il faut leur donner une opportunité de business sur la suite. » Pas de secret, même si la gratuité de la participation semble être ici la norme. Mais certains sujets méritent d’être évoqués et définis clairement avant toute chose : au hasard, la propriété intellectuelle des prototypes développés au cours de la manifestation. « Le contrat moral entre participants et organisateurs doit être clair dès le départ. Ce qui est développé dans le cadre du hackathon appartient à son développeur et toutes les entreprises qui ont tenté de déroger à la règle ont rapidement rétropédalé » explique Chloé Bonnet. Et un hackathon qui tourne au désastre, c’est souvent une situation que l’on préfère éviter. […]
La pratique historique du hackathon, celle portée par le monde communautaire, elle fonctionnera toujours » explique Chloé Bonnet. « Pour les entreprises, cela dépendra de l’engagement avec les startups et de la volonté de renouveler l’expérience. » Pourtant il y a des risques, celui de l’outsourcing masqué et du travail gratuit, souvent pointé par les critiques de l’économie collaborative. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est un format qui existe depuis un moment et que l’on ne peut pas en faire n’importe quoi » rappelle Chloé Bonnet. « Ce n’est pas une campagne marketing, des codes existent et il faut en avoir conscience. »
On voit donc que beaucoup de questions se posent, notamment de propriétés intellectuelles, de rémunération du travail fourni si le résultat n’appartient pas gratuitement à la collectivité mais va directement servir aux bénéfices d’une grande entreprise qui tirent les marrons du feu.
Ce sont des questions du monde du travail de demain et déjà d’aujourd’hui.
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