Mercredi 29 Juin 2016

Mercredi 29 Juin 2016
« Je vis une histoire d’amour avec les mots et ils me le rendent au centuple »
Bientôt les vacances !
Certaines et certains m’ont dit qu’ils en profiteraient pour lire « Sapiens ». Je les encourage mais je préviens c’est du lourd !
Alors pour équilibrer, ou pour d’autres, remplacer, je vous propose un livre léger.
Rien que le nom de l’auteur de ce livre est évocateur : «Marang». Et il s’agit bien du nom de naissance de l’auteur qui est née à Colmar et qui affirme « sera enterrée à Bonifacio ».
Elle vient de publier son premier livre « Dans tous les sens »
Jean-Paul Enthoven, dans un article du Point <Sourire avec Mme Marang>, le présente ainsi : « Aphorismes, holorimes, pensées ou traits d’esprit… Dans ce premier livre, Delphine Marang jongle librement avec les mots… »
Elle explique dans l’émission dont j’ai tiré l’exergue du mot du jour qu’elle était dyslexique et qu’elle a fait de cette difficulté une opportunité en se spécialisant dans les mots d’esprit.
Dont voici un florilège :
« Réussir ses parties d’échecs. »
« Perdre en faisant des réussites. »
«Devant une phrase désarmante, il sortait son silencieux. »
«Âmes insensibles s’abstenir ! »
«Faites la moue pas la guerre. »
«Les vieux amants baissent ensemble. »
« Être la muse fine bouche, loin des amuse-gueules. »
« Un cercueil est une boite de nuit»
« J’ai avancé contre vents et mari»
« Refait et parfait, son visage est de la haute couture»
« C’est un oiseau qui a l’air de tomber du lit»
« ils se disputaient sur la plage, c’était leur dune de fiel» (des jeunes mariés)
 
Jean-Paul Enthoven en disserte ainsi :
« Des aphorismes de geisha (« Soigner le mâle par le bien »), des calembours plus ou moins pervers (« Sa maîtresse est une Domina triste »), des saillies de conversation (« Cette amoureuse est une héroïne en manque »), des méditations de haute volée (« Renaître nous rend d’or »), ainsi que nombre d’holorimes, de gags verbaux, de tête-à-queue ou à claques, y balisent un credo où, par principe, rien ne sera pris au sérieux. Ici, on babille par plaisir, on tend l’oreille au mot-valise qui en dit long, on surfe sur la métaphore, on glisse sur le toboggan des lapsus. Mme Marang – dont « les désirs sont désordre » – exige que l’on s’amuse en la lisant. Dociles, nous obéirons…
Sur le fond, cette femme de lettres est une originale : à l’en croire, elle aurait pu militer pour que les enfants de divorcés obtiennent la garde alternée de leurs parents ; et se serait souvent moquée des « goys de cour » tout en se rendant coupable, par pure ambition, de quelques « crimes de lèche-majesté ». […] elle s’est tôt persuadée que « mieux valait un bon mot qu’une mauvaise phrase ».
D’où sa drôlerie concise, ses embardées en forme de haïkus, ses verdicts sur la coquetterie (« Elle est si frivole qu’on ne sait pas si ses jumeaux ont le même père »), sur ses contemporaines (Ah, cette « roulure de printemps » !) et ses envolées sentimentales (« Je vis pour vous retrouver, je vous retrouve pour vivre ») ou sensuelles (« Merci pour ce don d’orgasmes ! »). Finalement, il ressort de cela que cette femme […] mérite sans conteste de solliciter son admission au CME (Club des moralistes d’envergure). »
Ce qui distingue l’humain de l’animal ce n’est pas l’intelligence, c’est le rire !