Vendredi 19 novembre 2021

« Les PFAS : produits chimiques éternels. »
Substances per- et polyfluoroalkylées

Nous avons parlé hier des livraisons de plus en plus rapides. Homo sapiens a ce goût de la vitesse, aller toujours plus vite et surtout plus vite que l’autre.

C’est une enquête du quotidien sportif « L’Equipe », publié le 10 novembre qui nous donne l’information <Peur sur la glisse> :

« C’est un scandale sanitaire qui touche plusieurs centaines, voire milliers de personnes. Depuis la fin des années 1980, un produit appelé « fluor » a rendu accros les skieurs de fond. Il aide à glisser et fait gagner de précieuses secondes à qui badigeonne ses skis avec. Loin des pistes, les chimistes connaissent mieux ce « fluor » sous le nom de « substances perfluorées », ou sous le sigle « PFAS ». Ces mêmes chimistes savent aussi que c’est un poison dit « éternel » qui contamine durablement l’être humain, l’environnement et l’ensemble des vivants.

Plusieurs utilisateurs français, dont d’anciens membres des équipes de France de ski, ont accepté de témoigner et disent être gravement touchés par le fluor. Des médecins et toxicologues estiment que l’ensemble des personnes ayant farté en employant cette substance, ou fréquenté des ateliers de préparations de ski sans protections importantes, ont mis leur intégrité physique en danger. « L’Équipe » a enquêté sur ce produit « miracle », dont l’usage longtemps incontrôlé a pu causer de graves dommages sur la santé et l’environnement. »

Mais il faut être abonné pour pouvoir lire la totalité de l’enquête

Claude Askolovitch dans sa revue de Presse du <11 novembre> en donne ce résumé :

« On parle d’un poison…

Qui comme souvent les poisons a pris l’apparence d’un grand bonheur, ici celui de glisser sur la neige dans une fluidité, une rapidité jamais éprouvée. Mais le prix de ce bonheur aura été la santé et parfois la vie de passionnés de ski de fond, un sport lové dans la nature, que la chimie a perverti… Sur son site, dans une enquête impressionnante où l’image, le son le texte se complètent, l’Equipe raconte le scandale du fartage… Ce geste rituel qui consiste à lubrifier ses skis, a changé de nature dans les années 80, quand arrivent des produits de la grande industrie chimique… Les PFAS, les substances perfluorées, des poudres au fluor qui repoussent l’eau, et libèrent les skis de l’attraction neigeuse… Et qui deviennent alors, chez les champions leurs préparateurs, chez les amateurs passionnés, un enchantement, une addiction…

Pour mieux glisser et faire glisser les autres, on devient alchimiste, on s’enferme dans des ateliers aux fenêtres et volets clos pour ne pas se faire voler ses secrets ses dosages, et là, avec des fers à souder, on porte le produit à incandescence, car il faut, dit-on, pour que le fartage soit efficace, que la poudre cristallise et que volent devant vous des petites étoiles… On voit les étoiles, on farte, on glisse, mais on ressort des ateliers surchauffés dans un état second, comme ivre, drogués, titubants… Et vous lisez dans l’Equipe, des toux, des poumons qui s’étiolent, des fièvres qui prennent, la mort d’un maitre italien de la glisse, l’AVC d’un entraineur français au sortir d’une séance de fartage où il avait dit, « on va en crever. ».. En quelques années le ski de fonds réalise qu’il s’est donné à une substance maléfique que la chaleur rend létale, qui se dépose et imprègne la peau, le sang de hommes, et la nature aussi, et qui a déjà provoqué autour de ses usines scandales et procès.

Il faudrait farter ses skis protégé par des gants, des masques, il faudrait ne plus farter au fluor, mais si on l’interdit, il y aura des tricheurs, un dopage fluoré au mépris du danger, tant la glisse fut bonne et les médailles belles, lis-je, sur le site de l’Equipe : ainsi le poison prend aussi les âmes… »

Ces produits ne posent pas que des soucis à toutes celles et ceux qui les ont manipulés pour farter les skis, mais plus généralement à la santé et à l’environnement, parce qu’on avait trouvé efficient d’en mettre partout.

<ECHA> qui est une agence de l’Union européenne dans la chimie explique que les substances perfluoroalkylées (PFAS) forment une grande famille de plusieurs milliers de produits chimiques synthétiques qui sont couramment utilisés dans l’ensemble de la société et que l’on retrouve dans l’environnement :

« Elles contiennent toutes des liaisons carbone-fluor, qui comptent parmi les liaisons chimiques les plus fortes de la chimie organique. Cela signifie qu’elles ne se dégradent pas après utilisation ou rejet dans l’environnement. La plupart des PFAS sont également facilement transportées dans l’environnement sur de longues distances, loin de leur source d’émission.

On a fréquemment observé une contamination des eaux souterraines, des eaux de surface et du sol par les PFAS. Le nettoyage des sites pollués est techniquement difficile et coûteux. Si elles continuent à être rejetées, elles ne cesseront de s’accumuler dans l’environnement, dans l’eau potable et dans les aliments. »

<Ce site> explique en outre que la famille des PFAS est constituée de plus de 4700 molécules chimiques artificielles produites depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques de résistance aux fortes chaleurs, aux acides, à l’eau et aux graisses expliquent leur présence dans de nombreuses applications industrielles et dans une multitude de produits de consommation.

« A titre d’exemples, les PFAS sont utilisés dans les emballages en papier et en carton pour un usage alimentaire, dans les ustensiles de cuisines (notamment pour tout le matériel anti-adhésif), dans les textiles (vêtements d’extérieur, tissus d’ameublement), dans certains pesticides et médicaments, dans les mousses anti-incendie, dans les imperméabilisants, les isolants de fils électriques, les vernis, les peintures et même dans certains cosmétiques.

Extrêmement persistantes dans notre environnement et dans notre corps, ces molécules sont connues sous le nom de « produits chimiques éternels ». S’accumulant au fil du temps dans l’environnement et chez l’être humain, ces substances pourraient avoir de potentiels impacts sur la santé. L’exposition à ces contaminants peut se produire de différentes manières (métiers à risques, contacts avec la peau, inhalation) mais aussi via la consommation d’aliments à risque : l’eau potable, le poisson, les fruits, les œufs ou les produits transformés à base d’œuf, aliments en contact avec emballages en contenant ou cuisinés avec des ustensiles en contenant. »

<La mission pour la Science et la Technologie> de l’Ambassade de France Aux États-Unis montrent qu’aux États-Unis ces produits chimiques sont très présents dans les eaux potables et inquiètent les américains alors que les normes américaines sont beaucoup plus laxistes que les normes européennes.

Un article du Figaro du 18 octobre 2021 rapporte que L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a décidé de mener une action vigoureuse pour limiter l’utilisation de ces substances. Le chef de cette agence, Michael Regan a déclaré :

«Depuis bien trop longtemps, les familles américaines — notamment dans les quartiers défavorisés — ont souffert des PFAS dans leur eau, leur air ou les terrains sur lesquels jouent leurs enfants […] Cette stratégie nationale complète sur les PFAS va protéger les personnes qui en souffrent, en prenant des mesures concrètes et courageuses s’attaquant au cycle de vie complet de ces substances chimiques.»

Et « National Geographic » nous apprend que les emballages de fast-food aussi en sont des grands utilisateurs : < Les PFAS, ces substances nocives omniprésentes dans nos emballages alimentaires >

Il semble que certains fabricants comme 3M cité par Wikipedia ont renoncé à utiliser ces substances.

Mais vu le nombre important d’articles récents sur ce sujet, il semble bien que la prise de conscience du danger soit assez récente.

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