Vendredi 17 octobre 2014

Vendredi 17 octobre 2014
« 7ème continent »
Alexandra Ter Halle
Cela fait longtemps que je n’ai plus fait appel à la série d’émission “Ils changent le monde”.
Qu’est-ce que le 7ème continent ?
C’est le continent des déchets, des déchets humains, des déchets de notre civilisation qui se sont accumulés dans le Pacifique ou dans l’Atlantique Nord.
Alexandra Ter Halle, est une exploratrice, à l’origine elle est chimiste et cherche en eaux troubles. Plus exactement dans les gyres. D’immenses tourbillons de courants marins qui drainent nos déchets plastiques.
Ces déchets vont Jusqu’à former des plaques pouvant atteindre 6 fois la taille de la France et 30 mètres de profondeur. Loin des yeux et donc de l’opinion publique. Sauf depuis que des chercheurs et des navigateurs organisent des explorations médiatisées et filmées pour alerter sur ce qu’ils appellent le 7e continent
Un continent de la honte qu’il faudra des siècles pour dissoudre.
Si vous tapez 7ème continent sur un moteur de recherche vous allez avoir des liens vers des centaines de pages.
Un site est entièrement consacré à ce sujet : http://www.septiemecontinent.com/
et beaucoup d’autres.
Qu’avons-nous fait de notre terre et de notre mer ?

Jeudi 16 octobre 2014

Jeudi 16 octobre 2014
« Les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée. »
Emile Cioran
« De la France », de Cioran, L’Herne, 96 pages
Après le mot du jour d’hier sur la corruption, il reste quand même cette question comment se fait-il que les Français soient si tolérants et notamment réélisent des politiques qui ont été condamnés à cause de leur action, de leur fraude, de leur abus ou de leur corruption.
Emile Cioran a écrit, dans les heures, en 1941, un portrait de la France. « De la France »
Et dans ce livre il livre cette clé : « Les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée. »

Mercredi 15 octobre 2014

Mercredi 15 octobre 2014
« Jamais depuis la libération notre République n’a été à ce point corrompu. »
Antoine Peillon
Antoine Peillon est journaliste à La Croix, il est le frère de Vincent Peillon, ancien Ministre de l’Education Nationale.
Il publie un essai : Corruption, (le Seuil), un bandeau rouge barre le livre “Nous sommes tous responsables”.
Il était l’invité de l’émission de France Culture la Grande Table :  http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-comment-penser-la-corruption-2014-10-08
Il dit « Nous sommes tous responsables. A partir du moment où la citoyenneté se résume à se lever, travailler, toucher son salaire et dormir la nuit; sans engagement associatif, syndical ou politique, la République se fait sans nous. Elle n’est dès lors plus une République démocratique. »
Il juge que notre République arrive au dernier degré de la corruption. Dernier degré qu’il définit comme celui qui se trouve avant l’explosion politique social et économique.
Cette corruption dont une grande partie selon lui est l’évasion fiscale est en train de mettre notre pays à genoux. Il a été l’auteur en 2012 d’une enquête explosive sur l’exil fiscal organisé par la banque suisse UBS avec la complicité de l’État français (il avait évoqué ces 600 milliards qui manquent à la France, le Seuil),
« Peillon s’astreint aussi à la rigueur intellectuelle en cherchant, non le simple sensationnalisme des révélations, mais les racines profondes du mal. L’extension dangereuse de l’emprise de la finance sur l’économie fut bien sûr un facteur essentiel. Quand on promeut, au nom du libéralisme, la cupidité au rang des vertus cardinales, on ne doit pas ensuite d’étonner de voir la vie bancaire ou boursière constellée de tactiques illégales, d’escroqueries en costume Lanvin, de festins obscènes où sont conviés tous les loups de Wall Street. La classe dirigeante a oublié la leçon de Montesquieu : le principe des régimes tyranniques, c’est la peur, le principe des régimes aristocratiques, c’est l’honneur et celui des régimes démocratiques, celui qui les fait tenir debout, c’est la vertu. Non pas celle des jeunes filles, mais celle des citoyens dignes de ce nom.
Peillon va plus loin en lisant les sociologues et les anthropologues. La corruption qui mine nos sociétés, dit-il, est aussi une culture. Celle de l’arrangement, du conflit d’intérêt, de la combine bénigne, du mépris quotidien des lois, du contournement des règles. La corruption, c’est aussi une emprise invisible, celle du crime organisé qui accroît sans cesse son cercle d’influence, qu’on croit confinée dans les pays du Sud, Italie par exemple, et qui s’étend depuis longtemps sous nos climats plus austères. «Nous sommes tous responsables», dit-il lucidement. Pour cet avertissement dérangeant, il mérite le détour, qui fera du bien à la morale civique. »
Mediapart qui est en première ligne dans cette lutte contre la corruption (au fait êtes-vous abonné ?) < Crée un évènement : corruption ça suffit au Théâtre de la ville le 19 octobre à 19h>
Outre le livre d’Antoine Peillon, deux autres livres viennent de paraître qui traitent du même sujet  Fabrice Arfi de Mediapart –Le Sens des affaires (Calmann-Lévy)–, Benoît Collombat de France Inter –Histoire secrète du patronat (La Découverte).
Ils seront tous les trois invités et aussi Roberto Scarpinato, procureur général auprès du parquet de Palerme (Sicile), qui vit sous protection policière depuis plus de vingt ans pour son combat sans relâche contre toutes les mafias, criminelles ou financières.

Mardi 14 octobre 2014

Mardi 14 octobre 2014
«Une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive – est trop souvent l’islam ordinaire»
Abdennour Bidar
Lettre ouverte au monde musulman

Abdennour Bidar est philosophe de culture musulmane, il vient de publier chez Armand Colin « Histoire de l’humanisme en Occident ».

C’est pour cette raison qu’il était l’invité de la Grande Table du 10 octobre 2014. <Peut-on aller vers un-nouvel humanisme ?>.

Il définit l’humanisme occidental par 3 piliers :

  • La fraternité : je peux me sentir proche, être sensible au destin de tout homme, même s’il n’est pas de ma culture, pas de mon pays.
  • La grandeur de l’homme car c’est l’homme qui a créé les Dieux et non le contraire.
  • L’éducation qui libère.

Mais Abdennour Bidar vient aussi de commettre une Lettre ouverte au monde musulman publiée par Marianne.

Dont je cite quelques extraits :

« Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin […]

Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d’enfanter un monstre qui prétend se nommer Etat islamique […]. Mais le pire est que je te vois te perdre, perdre ton temps et ton honneur dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place

[…]

La grande question : pourquoi ce monstre t’a t’il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ?

C’est qu’en réalité derrière ce monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face.[…]

Même les intellectuels occidentaux ont de la difficulté à le voir : pour la plupart ils ont tellement oublié ce qu’est la puissance de la religion – en bien et en mal, sur la vie et sur la mort – qu’ils me disent « Non le problème du monde musulman n’est pas l’islam, pas la religion, mais la politique, l’histoire, l’économie, etc. ».

[…]

Malgré la gravité de ta maladie, il y a en toi une multitude extraordinaire de femmes et d’hommes qui sont prêts à réformer l’islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l’humanité entretenait jusque-là avec ses dieux !

[Le monde musulman est] un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l’égalité, de la responsabilité et de la liberté; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l’autorité de la religion; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.

[…] tu as été incapable de répondre au défi de l’Occident. Soit tu t’es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l’intérieur de tes frontières – un wahhabisme que tu répands à partir de tes lieux saints de l’Arabie Saoudite comme un cancer qui partirait de ton cœur lui-même ! «

Et enfin il donne son explication

« […] Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l’islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l’Etat que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu’à l’intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d’imposer que l’islam veut dire soumission alors que le Coran lui – même proclame qu’« Il n’y a pas de contrainte en religion ». Tu as fait de son Appel à la liberté l’empire de la contrainte !

[…] Et il y a tant de familles où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge, et où l’éducation spirituelle est d’une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas ! […] tout ce que je viens d’évoquer – une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive – est trop souvent l’islam ordinaire […] Je n’aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. […] Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel ! Salâm , que la paix soit sur toi »

<La lettre intégrale sur Marianne>

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Lundi 13 octobre 2014

Lundi 13 octobre 2014
« Dans 10 ans, la France sera la puissance dominante de l’Europe »
Ambrose Evans-Pritchard
International Business Editor of the Daily Telegraph.
Ce n’est pas n’importe qui, qui fait cette prédiction.
Ce sont nos amis anglais qui passent leur temps à critiquer la France.
Plus précisément le journal the Daily Telegraph, journal créé en 1855.
Il est, parmi les journaux anglais sérieux, le plus lu. Plus lu que  The Times, The Guardian et The Independent. C’est en outre le journal le plus proche des conservateurs.
C’est par le Monde que j’ai eu connaissance de cet article :
“En vingt paragraphes et deux graphiques, c’est un procès sans appel fait à l’économie allemande et aux choix politiques qui la déterminent. Invoquant trois spécialistes, dont l’un est lui-même allemand, le Telegraph assène un nouveau coup dur à destination d’outre-Rhin, alors que l’état économique de l’Allemagne vient d’être épinglé par quatre instituts de conjoncture.
« La France peut passer pour l’homme malade de l’Europe, mais les malheurs de l’Allemagne sont plus profonds, enracinés dans le dogme mercantile, la glorification de l’épargne pour son propre compte et la psychologie corrosive du vieillissement », dénonce le site anglais, dont l’article a été repéré par Courrier international.
Pour attaquer l’Allemagne, quoi de mieux que de s’appuyer sur le directeur de l’Institut allemand pour la recherche économique. Marcel Fratzscher vient de publier un livre intitulé Die Deutschland-Illusion. « Ce livre est un pamphlet contre le fétichisme fiscal du ministre des finances Wolfgang Schaüble, maintenant inscrit dans la Constitution à travers une loi d’équilibre budgétaire à laquelle il est quasi impossible de déroger. Il exprime la déception d’un pays “se reposant sur ses lauriers”, prisonnier de la “fausse idée partagée” que l’économie se gère comme le budget d’une famille, et rassuré à tort par la flatterie mal placée des pays voisins qui regardent rarement sous le capot du moteur allemand », fait valoir le Telegraph.
Après avoir mentionné quelques mauvais chiffres, le site anglais poursuit : « Depuis des décennies, les erreurs en matière de politique publique se succèdent. Les impôts et les structures sociales ont provoqué la chute du taux de fécondité. Le manque d’investissement a aggravé cet état de fait. D’ici cinq ans, tout le monde aura réalisé que l’Allemagne se trouve dans une situation grave et un budget équilibré ne constituera pas une défense suffisante. » Et de conclure : « D’ici dix ans, la France sera la puissance dominante en Europe. » De quoi achever d’entamer le moral des Allemands”
Moi ce que j’en dis c’est que les journalistes ou les économistes ne se trompent pas toujours, mais souvent.
Le 13 octobre est le jour d’un anniversaire… Celui de Margaret Thatcher, née le 13 octobre 1925. J’aurais bien aimé connaître son avis sur cette prédiction !

Vendredi 10 octobre 2014

Vendredi 10 octobre 2014
« L’Europe n’a pas de défense »
Bernard Guetta
Dans sa chronique Géopolitique du 2 octobre 2014
L’Allemagne voulait livrer des armes aux Kurdes pour lutter contre l’Etat islamique.
Mais son armée s’est heurtée à des problèmes logistiques :  Les avions qu’ils ont voulu utiliser sont tombés les uns après les autres en panne.
L’Allemagne a découvert le consternant état de ses forces armées :

Seuls 42 de ses 109 eurofighter

seuls 38 de ses 89 chasseurs Tornado

seuls 10 de ses 31 hélicoptères Tigres sont prêts à décoller, les autres sont en maintenance ou en réparation.

Mais dans les autres pays ce n’est guère mieux.
En Italie seul 15 % de ses hélicoptères sont utilisables.
En GB 40 de ses 170 avions de combat sont en état de vol.
Et en France la situation se dégrade aussi.
40% des appareils de l’armée de l’air sont disponibles contre 60% en 2008.
Le fait est là ! L’europe n’a pas de défense
Non seulement il n’y a pas de commandement commun, mais les armées nationales voient leur capacité d’intervention inexorablement régresser.
Les gouvernements coupent dans leur budget militaire.
Cela se comprend, i n’y a pas de grève dans les casernes et cela ne trouble pas l’opinion européenne fondamentalement pacifiste et peu enclin à croire que l’Europe est soumis à de vrais dangers.
Ce n’est pas vrai.
Poutine peut agir comme il le fait parce qu’il sait qu’il n’a à craindre aucune réaction militaire européenne.
Le budget militaire russe va dépasser le budget militaire de l’Allemagne et la France réunie.
Le budget militaire de la Chine augmente à une vitesse exponentielle.
Les soubresauts du moyen orient constituent potentiellement des dangers pour l’Europe.
Je partage cet avis, nous sommes désarmés et dans le monde tel qu’il est c’est tout simplement déraisonnable surtout si nous voulons la paix.
Nous devons augmenter les budgets militaires des pays européens, même si cela heurte nos longues années de pacifisme où le budget qui devait diminuer était toujours celui de la Défense.
Nous sommes allés trop loin.

Jeudi 9 octobre 2014

Jeudi 9 octobre 2014
« La Bourgeoisie d’Etat »
Arnaud Montebourg
Le sujet de ce mot du jour est un article du Monde de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin consacré au couple Jouyet : Jean-Pierre Jouyet et son épouse Brigitte Taittinger issue de la famille champenoise célèbre dans le monde entier.
Pour l’introduire j’ai pensé que le propos rapporté d’Arnaud Montebourg était le plus approprié.
J’aurais pu utiliser certaines phrases de cet article plus polémique, par exemple quand Jean-Pierre Jouyet dit : « L’Etat est bon employeur. Il m’a désormais offert tout ce qu’un fils de notaire provincial peut désirer. »
Cet article qui rapporte des faits et des comportements, des amitiés et des connivences, des trahisons et des réconciliations, provoque chez le citoyen de base que je suis comme un malaise.
Le fait que l’élite, quel que soit son bord politique, discute entre elle peut paraître plutôt positif. « Chez les Jouyet, les soirs d’élections, que la gauche ou la droite l’emporte, on trouve toujours une moitié de convives pour fêter la victoire au champagne rosé… Taittinger. »
Mais il y a autre chose qui se dégage, un entre soi, un groupe homogène qui vit comme en autarcie.
Ils n’ont pas l’air méchant, plutôt affable et sympathique.
Mais vivent-ils ou ont-ils le sentiment de vivre un destin commun avec les français que nous sommes ?
Ou vivent-ils ailleurs ?
Le mot du jour du 18 juin 2013 était cette réflexion de Peter Gumbel, un anglais qui a écrit le livre «Elite Academy» Enquête sur la France malade de ses grandes écoles  «Le bassin dans lequel on pêche l’élite française est minuscule»

Mercredi 8 octobre 2014

Mercredi 8 octobre 2014
“Déjà vous n’êtes plus qu’un nom d’or sur nos places”
Louis Aragon extrait du Roman inachevé
en souvenir des soldats de la Grande Guerre
Notre ami Fabien, le gardien des hypothèques de Trévoux, m’a incité par deux fois à présenter ce poème d’Aragon.
Depuis le retour des congés je n’ai plus évoqué la guerre de 14-18.
En septembre 1914, deux grands écrivains sont morts au front :

Charles Peguy est mort le 5 septembre 1914

Alain-Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes, est mort le 22 septembre 1914

Les premières semaines de la guerre fut un massacre, particulièrement pour l’armée française.
Outre les pantalons rouges, la stratégie voulue par Joffre de l’offensive à outrance a envoyé des milliers de soldats à la mort, sans aucun résultat stratégique ou même tactique.
Ainsi le 22 aout 1914 fut le jour le plus sanglant pour l’armée française, 27 000 morts cette seule journée. Que peut dire un tel chiffre ? Que selon le recensement de 2006, cela représente la population d’Aix les Bains ou de Cachan ou de Vanves ou de Biarritz. Voilà ce que veut dire 27 000 morts en une journée.
Avec cela, l’Etat-major français et particulièrement Joffre n’avait pas confiance dans le patriotisme des soldats. C’est pourquoi après la défaite de Charleroi et l’échec de la Bataille des frontières, deux décrets du 2 août et du 6 septembre 1914 furent promulgués qui instituaient des Conseils de guerre spéciaux, avec une procédure simplifiée et expéditive.
Contrairement à ce que l’on pense ce n’est pas en 1917 qu’il y eut le plus de fusillés mais au début de la guerre.
Pendant la Première Guerre mondiale, en France 2 400 « poilus » auront été condamnés à mort et 740 fusillés pour l’exemple. Le pic le plus haut se situe de septembre 1914 à octobre 1915 avec 421 exécutions, soit 63% du total de la guerre.
Un livre a été consacré à ces fusillés pour l’exemple un ouvrage inédit présente la biographie de 740 soldats fusillés durant la Grande Guerre.  «http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20130903.AFP4081/les-fusilles-de-la-grande-guerre-ont-desormais-un-nom.html
L’armée française fusillera beaucoup plus que les armées allemandes ou britanniques.
Mais revenons plutôt à Aragon :
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille
Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux
On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève
Roule au loin roule le train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur
Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un nom d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.
poème d’Aragon, mis en musique par Léo Ferré, / Chanté par <Barbara> puis <Léo Ferré>

Mardi 7 octobre 2014

Mardi 7 octobre 2014
« Les films sont plus harmonieux que la vie, […]
Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. »
François Truffaut, La nuit américaine.

François Truffaut est mort il y a 30 ans, le 21 octobre 1984 à 52 ans, d’une tumeur au cerveau.

C’était une encyclopédie vivante du cinéma et aussi un très grand réalisateur.

Dans la “nuit américaine” le sujet du film est un film en train d’être réalisé.

C’est dans ce film que Truffaut jouant le rôle du réalisateur dit à l’acteur principal de son film “Jean-Pierre Léaud”, cette ode au cinéma :

« Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma ».

La « nuit américaine » est le nom d’une technique qui consiste à tourner des scènes nocturnes en plein jour.

Patrick Cohen dans la matinale sur France Inter du vendredi 3 octobre, à l’occasion du trentième anniversaire de la disparition de François Truffaut, a reçu Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française qui consacre actuellement une exposition au cinéma de Truffaut, et l’actrice Nathalie Baye.

La nuit américaine fut le premier film important de Nathalie Baye qui a dit dans cette émission, combien Truffaut arrivait à mettre ses acteurs en confiance et créer une ambiance unique sur le plateau.

Elle a avoué qu’elle a dû répéter de nombreuses fois cette réplique qu’elle a dans le film

« Moi je quitterai un homme pour un film, jamais un film pour un homme » parce qu’elle la disait toujours à l’envers.

Voici le lien vers cette émission : <http://www.franceinter.fr/emission-linvite-le-cinema-de-francois-truffaut>

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Lundi 6 octobre 2014

Lundi 6 octobre 2014
« Juste pour qu’il soit présent,
Juste pour qu’il ne soit pas oublié.
Juste pour répondre à votre sollicitation. »
François Morel
François Morel, l’humoriste du vendredi dans la matinale de France Inter,  habitué à des billets d’humour et parfois d’humeur, a ce vendredi 3 octobre réalisé un billet d’émotion.
Michelle, une des destinataires de ce mot du jour, a été très touchée par cette chronique, comme vous le serez si vous l’écoutez.
François Morel  a expliqué avoir reçu le courriel le plus étonnant depuis qu’il travaille sur France Inter” et il s’est mis à le lire.
C’était un message de Françoise, la compagne d’Hervé Gourdel, le guide de montagne  décapité la semaine dernière par le groupe Jund al-Khilafa, lié au groupe Etat islamique.
“Bonsoir, je suis la compagne d’Hervé Gourdel. J’ai une requête à vous soumettre.
Je souhaiterais qu’Hervé soit présent dans votre prochaine chronique. Normalement, ça ne se demande pas.
Mais Hervé appréciait beaucoup vos chroniques, et je souhaiterais que ce soit une sensibilité qui s’exprime ainsi qu’une hauteur de vue”, a-t-il lu en direct
François Morel a répondu à cette inhabituelle requête, en s’accompagnant d’un morceau du musicien Ibrahim Maalouf.
Voici des extraits de ce moment :
“Françoise, j’écoute Ibrahim Maalouf et je pense à vous.
 “J’imagine que votre requête est importante à vos yeux car vous me l’adressez comme après un naufrage, on lance une bouteille à la mer.
J’ai peur de ne pas en être capable.
Qui je serais, moi, pour parler de quelqu’un que je ne connaissais pas et qui a rencontré l’horreur absolue en Kabylie ?
Je reprends vos mots : “une sensibilité” soit, mais “une hauteur de vue ! “
J’écris des chroniques sur France Inter mais entre nous, je suis un imposteur, je devrais déchiffrer l’actualité mais l’actualité m’effraie (…)
Je devrais saisir la réalité, mais la réalité m’échappe.
Je devrais décrypter le monde mais le monde est de plus en plus incompréhensible à mes yeux, à mes oreilles (…)
Je n’ose pas le dire à Patrick Cohen, il m’arrive de ne plus écouter la radio le matin, de peur d’apprendre de trop mauvaises nouvelles.
Les extrémismes qui montent, le sens de la solidarité qui disparaît, la violence comme seule réponse”.
Je pense à vous Françoise et j’écoute Ibrahim Maalouf
J’ai peur de ne pas trouver les mots
Je devrais peut être juste répéter le nom de votre mari,
Juste pour qu’il soit présent, juste pour qu’il ne soit pas oublié.
Juste pour répondre à votre sollicitation.
Hervé Gourdel, Hervé Gourdel, Hervé Gourdel.
[Hervé] aimait la vie qui s’est arrêtée pour lui dans l’horreur, la violence absolue, les pages “International” de tous les journaux du monde.
Depuis qu’Hervé est mort, il y a eu des manifestations, des marches silencieuses dont certaines ont tourné à la querelle de chiffonniers, comme si la mort d’un homme ne pouvait pas au moins susciter la retenue, le respect, le silence.”
“Le silence comme seule réponse possible un peu digne”, a-t-il conclu en lançant un morceau d’Ibrahim Maalouf, musicien qui a été récompensé par l’UNESCO pour “être un artiste qui ouvre le dialogue entre le monde arabe et l’occident”.